samedi 8 février 2014

→ LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ - COMÉDIE FRANÇAISE

Voilà deux jours que je suis allée voir la répétition générale du Songe d’une nuit d’été, mis en scène par Muriel Mayette à la Comédie française. Les circonstances étaient exceptionnelles, et j’ai éprouvé un plaisir intense à assister à ce spectacle en avant-première. Mais je réalise aujourd’hui avec effarement que je n’ai en réalité rien à dire sur la pièce que j’ai vue, et qu’elle ne me laissera presque aucun souvenir…

J’avais déjà eu la chance immense d’assister à une répétition générale il y a quelques années. C’était pour Un Fil à la patte, et je m’étais retrouvée dans la salle Richelieu presque vide, avec pour unique compagnie le metteur en scène Jérôme Deschamps. Les comédiens étaient encore tendus à l’époque… bien inconscients du succès que la pièce aurait par la suite. Nous avons ri les premiers, applaudi les premiers, et, croyez-moi, c’est un souvenir magique que je garderai encore longtemps !
Jeudi l’ambiance était un peu différente. Entrée par les couloirs de l’administration, armée de photographes au beau milieu de l’orchestre, public un petit peu plus nombreux (essentiellement des scolaires… les veinards !), et introduction de la pièce par Muriel Mayette en personne, assez fébrile, ses cheveux roux en bataille, le ton mi-évaporé, mi-agacé, mais heureuse tout de même de nous trouver là. L’administratrice de la Comédie française nous a demandé d’être un public "normal", de nous comporter comme si de rien n’était, et de laisser les comédiens travailler et évoluer au milieu de nous…

Dès que la pièce a commencé, ses mots ont pris du sens. Et c’est certainement ici le seul élément de mise en scène que j’ai trouvé, à défaut d’être original, du moins véritablement sympathique et intéressant. Si les dernières répétitions ont été ouvertes au public, c’est qu’en réalité, le metteur en scène et les comédiens avaient besoin de lui.

Assise au deuxième rang, j’ai eu la surprise de voir arriver Michel Vuillermoz et Julie Sicard. Ainsi que des spectateurs qui seraient en retard, ceux-ci ont dérangé ma rangée, bavardant avec chacun d’entre nous, le temps de gagner leurs places tout à côté de moi. Autant dire que je n’avais jamais vu les deux comédiens d’aussi près… j’étais presque dans les bras de Michel Vuillermoz (qui a d’ailleurs embrassé ma voisine !).

Leur manège s’est reproduit à plusieurs reprises, et rien qu’à l’idée d’avoir échangé quelques mots avec eux (des mots anodins « Je vais bien merci. Je vous souhaite une bonne soirée. Tout à fait d’accord avec vous », une amie qui m’accompagnait m’a dit que j’étais devenue très rouge), j’ai envie de hurler de joie (rendez vous compte, j’ai presque fait de l’improvisation avec Michel Vuillermoz ! Voilà qui est fou !).

Il y a dans le Songe d’une nuit d’été des scènes de théâtre dans le théâtre. Thésée, Hippolyta, et tous les jeunes gens, passent d’un instant à l’autre du côté des acteurs à celui des spectateurs. Et puis il y a aussi cette oscillation, cette frontière entre rêve et réalité, sur laquelle Muriel Mayette a souhaité insister. Thésée fait partie de notre réalité, comme nous il n’appartient pas à ce monde féerique, imaginaire, onirique. Avoir les comédiens à côté de nous, c’était renverser brusquement la perspective. Ça se prêtait parfaitement à la pièce, créait une forte complicité entre les comédiens et le public, en plus d’être hautement plaisant et intelligent.
C’est ici que s’arrête mon enthousiasme. La pièce tombe ensuite dans une routine sans originalité et sans caractère, dont j’ai déjà du mal à me souvenir.

J’écris rarement des critiques négatives. Je ne suis pas une professionnelle, et je garde à l’esprit qu’il est assez impudent de juger le travail des autres sans en connaître toute la teneur. Mais surtout, je n’ai jamais vraiment détesté un spectacle. Le plus généralement, si je n’aime pas une pièce, c’est qu’elle m’aura laissée indifférente. Et puisque je cherche avant tout à transmettre mon ressenti, il m’est quasiment impossible d’écrire dans ces cas-là. Comment mettre des mots sur l’indifférence ?

Mise en scène par Muriel Mayette, je n’ai vu qu’Andromaque. La scène épurée, de grandes colonnes, les costumes vaporeux mais sobres des comédiens, il s’agissait de mettre l’accent sur le texte, « le cœur brûlant et les lèvres glacées » disait Cécile Brune. Pour le Songe d’une nuit d’été, l’administratrice récidive, reconnaissant aimer les mises en scène dépouillées, pour mettre le texte et le jeu des comédiens à l’honneur. Nous voici donc repartis pour une scène presque sans décor, si ce n’est cette toile plastique blanche, vaguement éclairée, qui recouvre le fond et le sol, et ces longues colonnes blanches, souples cette fois-ci.

Cela se comprenait pour Andromaque, d’autant que les comédiens (Léonie Simaga en tête, moins Cécile Brune) brûlaient intérieurement et vivaient littéralement le texte de Racine. Pour le Songe, c’est différent. Le Songe est une pièce éclectique, atypique, riche de ses personnages, envoûtante, surprenante. Le metteur en scène peut en faire ce qu’il veut, construire un univers, parler de ce qui lui fait plaisir, raconter comme il l’entend… En choisissant encore de tout laisser reposer sur les épaules des comédiens, je ne peux m’empêcher de penser que Muriel Mayette a choisi là une magnifique solution de facilité.

Si encore j’avais ressenti quelque chose ! Mais Muriel Mayette, alors qu’elle souhaitait vraiment dissocier la réalité du songe, ne parvient pas à traduire sur scène l’onirisme, la féérie du monde des rêves. Sa mise en scène souffre très nettement de la comparaison avec le Psyché de Véronique Vella. Là où Véronique Vella avait construit, presque de bric et de broc, un espace immensément évocateur, le Songe ne nous fait absolument pas voyager.
La musique, les costumes, sont censés nous faire entrevoir un espace troublant, faisant profondément appel à notre inconscient… Je suis restée de marbre. Les costumes sont inspirés de Jérôme Bosch, et se veulent rappeler la sexualité animale. Mais ils n’apportent rien de plus qu’un peu de bouffonnerie. Comment ne pas penser à l’Après-midi d’un faune, que j’ai vu l’année dernière à l’opéra Garnier, dans la chorégraphie de Nijinski et les costumes de Léon Bakst ? Là, il y avait une sexualité, une animalité diablement plus troublantes. Les comédiens du français ne sont pas des danseurs, et si on devine le travail qui a été fait sur les corps, aucune sensualité ne transparaît, tout ceci reste vaguement gentillet.

Coïncidence étonnante d’ailleurs. L’Après-midi d’un faune était également représenté l’année dernière dans la chorégraphie de Robbins… sur un fond clair, vaguement lumineux et dans des tenues légères… soit presque exactement le décor du Songe d’une nuit d’été et les costumes de nos deux couples, Lysandre et Hermia, Demetrius et Helena ! Mais là encore, la danse était beaucoup plus évocatrice, plus puissante.

Que dire de plus ? Au milieu de cet espace blanc, sans caractère, se trouvent les comédiens. A quelques exceptions près, je les ai trouvés assez transparents. Les deux couples sont vêtus légèrement, soie ou satin rappelant des nuisettes (évidemment puisqu’ils voyagent dans le monde des rêves… !) et ils vont de-ci de-là, Suliane Brahim et Adeline d’Hermy grimaçantes, et Sébastien Pouderoux (décidément, lui, je ne l’aime pas) et Laurent Lafitte (après le Système Ribadier, où déjà je ne l’avais pas trouvé à la hauteur) parfaitement insignifiants.

On voit bien peu Julie Sicard et Michel Vuillermoz. Martine Chevallier n’apporte pas la moindre flamboyance à Titania. Christian Hecq (Obéron) et Louis Arène (Puck), parviennent à trouver le ton juste, entre l’exagération, l’humour, et l’intelligence. Mais c’est vraiment la troupe des comédiens, menée par Stéphane Varupenne et Jérémy Lopez (excellent Bottom) qui survole l’ensemble. Pierre Hancisse et Benjamin Lavernhe, accompagnés des élèves comédiens, complètent la troupe. Ils font preuve d’une autodérision épatante, et parviennent à donner par instants le rythme et l’humour qui manque à la pièce.
Soyons clairs. Je n’ai rien de particulier contre Muriel Mayette. J’ai suivi les derniers événements de loin, mais cela n’a en rien influencé mon jugement. Seulement, après avoir vu ce Songe d’une nuit d’été, je me suis souvenu que certains reprochaient à l’administratrice son manque d’ambition artistique… Eh bien je dois dire, qu’entre ces costumes de nuit, ces allées-et-venues sautillantes, ces tentatives de danses sensuelles, ces grimaces convenues, cette scène absolument vide, je crains que ce ne soit exactement ça : un manque d’ambition.

Je garde aussi à l'esprit qu'il s'agissait d'une répétition générale. Peut-être ce lien qui doit se tisser entre les comédiens et le public prendra-t-il seulement corps ce soir, lors de la première ? J'ai prévu d'aller revoir la pièce, ce qui me permettra d'ailleurs d'applaudir les comédiens qui ne sont pas venus nous saluer jeudi.

12 commentaires:

  1. Il est assez délicat de juger un spectacle sur une répétition ... Surtout quand il s'agit d'un filage photo. Il serait peut-être bon de revoir le spectacle dans les conditions adéquates (en représentation et avec le public par exemple) avant d'en faire la critique et de la publier.

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    1. Merci à vous d'être venu commenter. Je partage votre avis, c'est pourquoi j'ai beaucoup hésité avant de venir donner mon avis. J'ai finalement choisi de le publier, en insistant sur le fait qu'il s'agissait d'une répétition. J'ai aussi écrit, à la fin de mon article, que je comptais retourner voir le spectacle afin de porter sur lui un meilleur jugement. Je viendrai modifier ma critique si mon avis est différent.

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  2. Bonjour,
    Merci pour vos commentaires affutés!
    J'ai assisté à la représentation hier soir. Ma première remarque tient à une erreur de débutant(e) dans la mise en scène: l'ensemble de la pièce est interprétée coté cour. Si vous êtes aux second rang des balcons cotés impair, vous risquez donc d'avoir des places aveugles. C'était mon cas et j'ai donc entendu la pièce plus que je ne l'ai vue. La magie du "songe" n'a pas fonctionné pour moi : pauvre Christian Hecq; il vaut mieux que cette parodie de la planète des singes qu'on lui fait interpréter. A l'exception de Michel Vuillermoz, je trouve que beaucoup de comédiens sont "à faux"; le décor n'a rien à envier à un théâtre d'avant-garde démodé depuis longtemps.,
    Je garde de cette représentation le sentiment que c'est braillard et poussif. Quel dommage!

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    1. Bonjour,
      Je vous remercie d'être venu commenter cette page. Et je me sens moins seule... dans l'ensemble, les critiques semblent plutôt positives ! C'est amusant que vous évoquiez cette erreur de "débutant". Il m'était arrivé exactement la même chose pour... Andromaque. J'avais manqué la moitié des scènes, d'autant que les comédiens bougeaient à peine en prononçant leur texte !

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  3. Merci pour votre critique : je viens de voir la pièce ce soir et je partage votre avis. C'est l'aspect onirique du Songe qui est complètement occulté dans cette mise-en-scène (en revanche, le spectacle des artisans d'Athènes est délicieux) : j'avais vu la version d'Irina Brook aux Bouffes du Nord en 2007, ainsi que la mise en scène de Peter Hall avec J. Dench en 2010 en Angleterre, et c'était tout autre chose. Ici, Titania et ses fées ne font pas rêver et difficile de se persuader que ces colonnes de toile cirée blanche sont censées représenter la forêt... L'excellence de Bottom et ses comparses font néanmoins que l'on ressort joyeux, mais la pièce est tellement riche et foisonnante qu'il est un peu dommage de la représenter de manière simpliste.

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    1. Bonjour, et merci d'être venu commenter. Je suis heureuse de lire que je ne suis pas la seule à avoir été déçue par ce Songe. Les critiques sont positives dans l'ensemble, et j'avoue avoir du mal à comprendre.
      Judi Dench ? Aaah, c'est sûr que ça devait être quelque chose. Du reste, on m'a dit à plusieurs reprises que les Français ne savaient pas monter Shakespeare, et que seuls les Anglais pouvaient lui rendre justice.
      Effectivement, Bottom et sa troupe relèvent le niveau, et cette bande de jeunes comédiens est très raffraichissante. Mais le Songe, c'est aussi une bonne part de rêve et de féérie, que je n'ai absolument pas trouvée.

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  4. Moi aussi, j'ai été très déçue par ce Songe, comme beaucoup d'amis: les plus anciens gardaient un souvenir ébloui de la mes de Lavelli dans la même maison, en 1986, et quant à moi, j'ai préféré le "Songe" de Briançon, vu la saison dernière... J'ai un sentiment de honte à voir les pitreries vulgaires et les costumes de satyres préhistoriques que l'on fait endosser aux elfes. Et la malheureuse Martine Chevallier ne ressemble à rien, et est réduite à la caricature... Quant au spectacle des artisans d'Athènes, il sauve la fin de la pièce, mais il faut se dire que c'est un morceau à peu près inratable (et que j'avais trouvé plus désopilant encore chez Briançon).

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    1. Merci à vous, Anne, d'être à nouveau venue commenter un de mes articles. Je n'ai pas eu l'occasion de voir la mise en scène de Nicolas Briançon. Ce qui est certain, c'est que dès que possible j'essaierai de faire l'expérience d'un nouveau Songe. Celui-là m'a semblé bien pauvre, en vérité, et je suis certaine que cette pièce a un énorme potentiel de féérie !

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    2. Bonjour,
      Sincèrement, je comprends parfaitement les critiques positives. Je n'ai peut-être que 17 ans (et le bac en préparation !), mais quand je suis allée voir ce Songe à la Comédie Française, je n'ai pas arrêté de rire, déjà, et rire, vous savez, c'est bon pour la santé, donc il faut apprendre à se détendre, et à accepter les différentes interprétations. Et puis, les fées sont elles réellement faites pour rêver ? Ou est-ce plutôt votre imagination qui les imagine ainsi ? Il est vrai que les gens ont tendance à imaginer les fées comme des êtres de grande beauté et de majesté, et si c'est ainsi que vous les imaginiez, je veux bien, mais peut-être faudrait-il ouvrir votre esprit à une interprétation différente et plus originale que celle qui semble être la vôtre, je dois dire.
      La metteure en scène a voulu représenter cette pièce sous forme de farce et c'est pourquoi les costumes sont ainsi, hilarants et pas vraiment faits pour faire rêver. A vraie dire, je crois qu'ils attirent plutôt la sympathie par leur humour, leur bonhommie, leur espièglerie très bien rendue par le jeu des acteurs, d'ailleurs, surtout Puck et Obéron, qui sont si drôles !
      (je n'ai pas fini)

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    3. Il est vrai cependant que j'ai trouvé au début que celle qui jouait Héléna récitait un peu trop, mais après, elle s'est reprise et a mieux joué, s'est mieux investie dans l'action et les autres acteurs ont été très bons aussi, je trouve, une bonne élocution, et vraiment superbes. Bottom était juste génial également, et je crois que c'est le seul point où nous nous accordons. Et ils ne jouaient pas qu'à cour. Moi qui était au milieu, dans la fosse, je dois dire qu'ils étaient un peu partout, qu'ils avaient de bons déplacements, je crois.
      Ah ! Et les nuisettes et les costumes de nos deux couples : c'est sensé être un songe, non ? Pas une caricature, mais quelque chose de léger et de divertissant ! C'est pourquoi, on dirait qu'ils sont en pyjama, c'est la nuit après tout... Quant à Titania, la reine des fées, ce n'est pas qu'elle ressemble à rien, mais elle n'allait tout de même pas prendre un port altier et une longue robe blanche, comme à un mariage de y'a perpette les oies (pardonnez l'expression) où les jeunes filles étaient sérieuses, pures et sans sexe avant le mariage ! Ce n'était pas le but, qu'elle soit mise à son avantage, mais c'est plutôt son jeu, et comment elle interprète son rôle qu'il faut regarder.

      Quant à la mise en scène : personnellement, les colonnes blanches qui servaient d'arbre m'ont suffit pour imaginer la forêt pendant la nuit, car avec les acteurs, c'est facile ! Vous n'avez donc aucune imagination, aucune sensibilité créatrice qui fait divaguer votre esprit ? Et bien, Madame Mayette-Holtz, elle, en a, et elle compte sur les spectateurs pour en avoir aussi. Elle le dit elle-même, elle veut laisser les acteurs sans beaucoup d'accessoires, avec juste le texte comme arme pour transporter les spectateurs. Et, décidément, il vous en faut beaucoup, à vous, pour être transportée ! Puis ce n'est pas une solution de facilité que Mayette-Holtz a choisie, c'est plutôt sa signature, Madame (ou Monsieur, je ne sais pas) de ne pas mettre beaucoup d'accessoires.
      (je n'ai toujours pas fini !)

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    4. Et la bouffonerie de Puck et Obéron... Etait juste de la bouffonerie... Il n'y avait pas là de volonté de sensualité ou quoi que ce soit. Oui, juste de la bouffonerie, parce qu'en soit, Puck et Obéron, ce sont les fous, les bouffons de la pièce. Ils nous font rire par leur légèreté, leurs tics animaux, leur gestuelle aussi. Et c'est tout.

      N'oubliez donc pas que c'est la représentation d'un songe qui est faite ici, et Shakespeare laisse l'interprétation très libre vu que nos songes viennent beaucoup de l'inconscient. Ainsi, vos inconscients sont peut-être (trop, oui trop !) sérieux et choqués par ce que vous avez vu, mais moi, mon inconscient a été heureux et a passé une merveilleuse soirée avec ces acteurs et ma grand-mère !
      M'enfin, nous n'avons pas la même interprétation de la pièce, vous et moi.
      Sur ce, je vous salue bien cordialement, et je retourne à ma propre critique de ce spectacle !

      Bonne journée !

      Alice.

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    5. Merci de votre long commentaire, constructif.
      Je dois dire cependant que je ne comprends pas certains des reproches que vous me faites. Je suis évidemment parfaitement d'accord avec le fait que les fées ne sont pas les traditionnels elfes en grandes robes et cie (même si beaucoup des personnes que j'ai rencontrées semblaient penser le contraire). Le côté bouffon était parfaitement adéquat (à l'époque de Shakespeare d'ailleurs, les fées étaient certainement plus vues de la manière dont Muriel Mayette a choisi de les représenter).
      Ce que je critique ici en réalité, c'est la frilosité dont Muriel Mayette a fait preuve (et elle n'en est pas à son coup d'essai) : quitte à être grotesque, il aurait fallu forcer le trait, pour rendre les choses plus drôles encore (ou bien n'ai je pas ri parce que j'ai un humour moins subtil que le vôtre ?). Du côté des nuisettes, je reproche encore un manque d'implication du metteur en scène : quant à figurer un songe, j'aurais aimé éviter les warnings : "Attention elles sont en nuisettes, donc ça veut dire que c'est un songe, faites appel à votre imagination". Pour moi, la mise en scène, fait semblant d'être délicate, et drôle, alors qu'elle n'est que paresseuse (quelle originalité, bon sang !). Idem encore pour les colonnes, censées figurer les arbres... ce sont les mêmes que Muriel Mayette avaient placées dans Andromaque.
      Je comprends votre point de vue, mais le mien est celui de quelqu'un lassée de voir sans cesse la même chose. ;) D'accord avec vous, le spectateur est là pour rêver, pour se laisser aller à son imagination, pour être libre. Ce que j'ai critiqué ici, et vous l'aurez bien perçu si vous avez lu attentivement, c'est en fait la facilité à laquelle Muriel Mayette se laisse aller : toujours elle nous dit : "les comédiens sont doués, le public est doué d'imagination, laissons le reste se faire tout seul". A la longue, ce genre d'attitude venant d'un metteur en scène, ça me lasse.
      Alors s'il vous plaît, je respecte votre avis, et le bonheur que vous avez éprouvé devant cette pièce. Je vous remercie donc de respecter le mien, dans la mesure où notre désaccord n'est finalement qu'une question de sensibilité (des choses vous touchent, et me touchent moins, tout simplement). Vous voudrez donc bien éviter de m'attribuer des impressions qui ne sont pas les miennes, et prendre mon article moins à coeur (avec peut être plus d'humour et de légèreté s'il vous plaît). Ai-je été choquée ? J'aurais aimé l'être bien d'avantage, ce spectacle m'a plus ennuyée qu'autre chose. Sérieuse ? Mais pourquoi la bouffonerie n'a t'elle pas été accentuée davantage ? Je me connais, je suis plutôt bon public, mais pour moi, Muriel Mayette qui fait de sa signature (vous avez raison, c'est son truc à elle de mettre peu de décors) du "foutage de gueule".

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