jeudi 17 juin 2010

→ DU VENT DANS LES BRANCHES DE SASSAFRAS - RENÉ DE OBALDIA

« La forêt, je vois la forêt … des arbres, plus des arbres, plus encore des arbres, une foule d’arbres, des quantités d’arbres …
- Si c’est la forêt…
-Tais toi donc Johnny ! »


Parce que ça fait un petit bout de temps que je n’ai pas écrit de billet, j’ai envie de vous gâter ce soir. J’aimerais vous présenter la génialissime pièce de théâtre Du vent dans les branches de Sassafras, du poète et dramaturge français René de Obaldia.

Je viens de placer cette pièce parmi mes préférées, parce que c’est une pièce originale, brillante, très drôle et merveilleusement bien écrite. Pour tout dire, c’est une petite merveille que j’ai seulement découverte cette année, mais que tout le monde devrait connaître !

Originale c’est incontestable. Car Du vent dans les branches de Sassafras est un western. L’histoire, c’est celle d’une famille de fermiers pauvres du Kentucky : les Rockefeller. On a le père, chef de famille, dur à cuire, brave homme, râleur, ancien séducteur. Puis sa femme, la gentille et sage Caroline, qui n’a que deux passions, son fils Tom, et sa boule de cristal, « magnifique instrument » grâce auquel elle peut voir l’avenir … et le passé (mais chut, c’est une surprise). Puis viennent les deux enfants, Tom, le fils de la maison, frimeur et bon tireur, et sa sœur Paméla, qu’on croit sortie des années soixante (années d’écriture de la pièce) : « Et la jeunesse, elle vous enterra tous et vous aurez honte de n’avoir jamais connu la vôtre ! ». La famille ne serait pas complète sans le vieil ami des Rockefeller, le docteur Butler, alcoolique depuis qu’il a fait mourir malgré lui tous les habitants de la contrée voisine, en voulant les soigner au moyen d’un médicament de sa composition.

Et puis l’histoire commence. A peine la brave Madame Rockefeller a-t-elle découvert dans sa boule le retour du terrible comanche Œil de Lynx, que les événements se bousculent. La famille est bientôt rejointe par la seule survivante de Pancho City (la grosse ville du coin), Miriam, prostituée un peu illuminée, surnommée "Petite coup sûr" ; et par Carlos, shérif qui semble débarqué d’un western américain. Tout s’enchaine. Il faut prendre les armes puisque le ranch est encerclé par les indiens, résister au siège le plus bravement possible, jeter un coup d’œil dans la boule pour essayer de se tenir au courant, soigner les blessés, et faire face au terrible Œil de Lynx qui a jeté son dévolu sur Paméla.

Inutile de raconter la suite. Je vous laisse découvrir vous-même toutes les surprises que la pièce réserve ! Et puis d’ailleurs, je raconte bien mal l’histoire, et ce n’est pas rendre hommage à cette pièce qui est formidable d’inventivité et d’humour. Émouvante –les personnages sont tous attachants, poétique, le rythme enlevé, une langue riche qui ravira les amateurs de littérature, une histoire captivante … Du vent dans les branches de Sassafras est une pièce unique en son genre ! (au passage, si quelqu’un me trouve une pièce d’aussi grande qualité, il aura toute ma reconnaissance)

Je sais qu’il existe d’anciennes versions de la pièce – le rôle de John-Emery Rockefeller a été joué par Michel Simon et Jean Gabin, mais je ne les ai pas encore vues. La seule chose dont je suis certaine, c’est que cette pièce est jubilatoire à jouer ! Penser que les acteurs doivent viser et tirer sur le public avec des fusils, ou se laisser ligoter sur des chaises, ou encore rencontrer des indiens étranges qui parlent une langue un peu folle…

En bref, j’ai eu l’immense chance de jouer cette pièce cette année, et je ne peux pas décrire tout le plaisir que j’ai éprouvé à la lire, à en apprendre le texte, à la préparer puis à la jouer. Du vent dans les branches de Sassafras offre d’énormes pistes d’interprétation aux acteurs, et la virtuosité d’Obaldia donne à son texte à la fois beaucoup de simplicité et une immense élégance. Une chose est sûre, je pars à la recherche d’autres textes d’Obaldia !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ecrire un commentaire